A l’abri d’un pont, cachés derrière les fourrés de chardons mauves qui poussent sur les champs en jachère, les Leopard pansent leurs blessures. Sous les arbres, préservés du cagnard de juillet qui écrase dès le petit matin le nord de la plaine criméenne, les grands fauves se reposent. Andriy, un commandant de char, couve son animal de métal du regard. «Faut en finir avec le matériel soviétique, c’est plus au goût du jour, tranche le jeune homme, à la tête d’un blindé de la 33e brigade mécanisée des Forces armées ukrainiennes. Perso, je ne veux plus remonter dans un char T64 au combat. Conduire un Leopard 2, c’est comme passer d’une voiture Jigouli soviétique à une BMW ! Pendant l’opération, je me suis senti à l’aise, j’ai même apprécié le combat. Avec le Leo, tout est prévu pour bien faire le travail.»
L’opération en question est celle qui a révélé aux yeux du monde les premiers élans des chars d’assaut Leopard 2, de fabrication allemande, sur le théâtre ukrainien. Il y a un mois, Andriy et ses équipiers ont fait partie de la première colonne blindée à tenter de percer les lignes de défense russe au sud d’Orikhiv, dans la région de Zaporijia. «Tout se passait bien, on avait préparé une voie dégagée de mines, ça faisait trois heures que nous étions au combat, raconte-t-il. Le fa