Comprendre et neutraliser les dangers SST en hiver

26 janvier 2023 par
Jasmin Pilon

Texte modifié le 1er décembre 2023


Officiellement, l’hiver commence le 15 décembre et prend fin le 23 mars. Selon les années, cependant, dame Nature peut hâter les changements de saison ou tarder à les exécuter. Ainsi, les gestionnaires, les préventionnistes et les travailleurs qui doivent composer avec les contraintes et dangers liés à la saison froide doivent demeurer vigilants en tout temps.


Vous trouverez ci-après un inventaire comprenant certains risques hivernaux et les mesures à prendre pour y pallier, de même que des ressources qui vous permettront d’en savoir plus et d’atteindre le (véritable) printemps en toute santé-sécurité.


Un froid de canard


Les températures les plus froides au Québec sont généralement enregistrées aux mois de janvier et de février, ce qui complique la tâche de nombre de travailleurs. Plusieurs gestes concrets peuvent cependant permettre de réduire les risques de lésions (engelures, hypothermie, etc.) causées par le froid :


  • Éviter ou limiter le temps de travail par temps froid et prévoir une rotation du personnel.
  • Couvrir les parties du corps les plus vulnérables, dont la tête et les mains, et demeurer en mouvement.
  • Porter des vêtements isolants, propres et secs (faits de laine ou de fibres synthétiques, par exemple), formant plusieurs couches.
  • Utiliser, si nécessaire, des vêtements chauffants (manteaux, gants, etc.).
  • Limiter l’exposition au vent et aux courants d’air et, si possible, ajouter des éléments chauffants sécuritaires.
  • Manger et boire suffisamment pour répondre aux demandes énergétiques du corps afin qu’il puisse maintenir sa température, et éviter la déshydratation (la caféine et l’alcool sont déconseillés dans ce contexte).
  • Prévoir un endroit chaud pour les pauses, la consommation de boissons chaudes et changer ses vêtements, s’il y a lieu.
  • Limiter le travail isolé et communiquer fréquemment avec les salariés exposés au froid.
  • Garder un œil sur les prévisions météorologiques : un travailleur averti en vaut deux!


Pour en savoir davantage sur le travail au froid, rendez-vous sur la page de la CNESST qui y est consacrée et parcourez le document Travailler au froid : Prévenir et soigner les lésions dues au froid. Celui-ci comprend entre autres des informations précieuses sur l’alternance travail-réchauffement (pages 15 et 16) ainsi qu’une section sur les gestes de premiers secours et premiers soins à poser en cas de lésions (pages 18 et suivantes). Pour sa part, la page Le stress thermique dans les lieux de travail du gouvernement du Canada porte notamment une attention particulière (section 7.1) aux groupes de travailleurs les plus à risque de souffrir des conséquences du temps froid.


Pelleter en toute sécurité


Certains salariés comptent parmi leurs tâches l’entretien des lieux de travail. Et, forcément, en période hivernale, dégager (souvent manuellement) la neige accumulée fait partie du quotidien.


Afin de respecter les règles de l’art liées à ce devoir et d’éviter les lésions professionnelles, consultez les astuces proposées par l’Ordre professionnel de la physiothérapie du Québec. Utiliser du matériel approprié et employer une technique adéquate (cadence, pauses, sollicitation musculaire, etc.) font partie des  bonnes habitudes à adopter. De son côté, l’Association chiropratique canadienne formule de manière synthétique une série de conseils pratiques pour éviter les blessures, recommandant notamment de poussez « la neige de côté sans la projeter » et d’étirer « les muscles tendus » après l’effort.


Vous êtes davantage visuel? Regardez alors les conseils de pelletage de l’Association des chiropraticiens du Québec.


Enfin, les travailleurs et les gestionnaires devant préparer le déneigement d’un toit – qu’il soit plat ou en pente – en toute sécurité pourront se reporter au site de la CNESST.


Des risques invisibles


Bon nombre de travailleurs œuvrent parfois dans des environnements intérieurs peu, voire aucunement chauffés, et pouvant afficher des taux d’humidité élevés ou bas. Or, l’INSPQ nous rappelait en décembre 2022 que « des températures de moins de 20 °C faciliteraient le dépôt des aérosols infectieux dans les voies respiratoires » et que des niveaux d’humidité faibles ou élevés contribueraient à maintenir une charge virale dans l’air. Il importe alors de se rappeler les gestes barrières efficaces dans la prévention des infections respiratoires (distanciation, port du masque, lavage des mains, etc.) et de voir, si possible, au maintien de taux d’humidité se situant dans un intervalle de 30 % à 65 %.


Travailler dans des environnements où l’humidité relative est faible peut aussi assécher les voies respiratoires, provoquer des irritations cutanées et une sécheresse oculaire. Augmenter l’humidité des lieux (si possible), limiter l’exposition et permettre l’hydratation des travailleurs figurent au nombre des moyens de protection.


Par temps froid, certains travailleurs peuvent avoir la mauvaise idée de chauffer des lieux fermés ou semi-fermés au moyen d’équipement utilisant des combustibles (essence ou propane) et diffusant du monoxyde de carbone. Étant impossible à détecter sans appareil, puisqu’il est inodore et incolore, celui-ci entraîne des risques d’intoxication. Consultez la page du gouvernement du Québec et parcourez le document-synthèse de la CNESST pour mieux comprendre les risques et les symptômes d’une exposition au monoxyde de carbone.


Prévenir les chutes


La glace, la pluie verglaçante et les accumulations de neige sont à l’origine de nombreuses chutes, tant pour les citoyens que les travailleurs. En janvier 2022, s’appuyant sur le cadre légal québécois, notre conseillère en SST Lorena Fernández signait un article décrivant les responsabilités des employeurs, qui doivent notamment voir à ce que leurs « établissements soient équipés et aménagés de façon à assurer la protection du travailleur ». À cette fin, le texte recense plusieurs mesures concrètes, telles les inspections régulières des lieux, l’identification des zones à risque et l’utilisation de bottes appropriées.


D’ailleurs, l’IRSST a publié en 2021 une étude analysant les meilleures chaussures de travail d’hiver en ce qui a trait à la résistance aux glissements sur des surfaces glacées. Les laboratoires de l’IRSST offrent également aux préventionnistes et responsables des achats, à prix avantageux, un service d’évaluation de la résistance aux glissements des chaussures de travail. Par exemple, un nombre important d’accidents dans le domaine du camionnage sont causés par le port de chaussures inadaptées par les travailleurs lorsqu’ils sortent de leur véhicule, créant une instabilité souvent aussi amplifiée par une prise d’appui déficiente.


Les joies de l’hiver!


D’autres risques guettent également les travailleurs et les travailleuses en cette période de l’année. Un deuxième article examine les risques de violences physiques et verbales que peuvent subir les employés du tertiaire, trop souvent enguirlandés par certains clients irrespectueux.  L’hiver (4 %) n’est manifestement pas la saison préférée des Québécois et des Québécoises, qui lui préfèrent encore le printemps (25 %) et l’été (32 %). Cependant, être préparé à affronter ses rigueurs demeure le meilleur moyen de prévenir les risques SST qui lui sont inhérents et même, qui sait, d’apprécier ses bons côtés. Bonne saison!