PODCAST - Aurore Ponsonnet, formatrice en orthographe : "La langue est vivante, notre utilisation la fait évoluer"

Publié le 30 juin 2023 à 9h40, mis à jour le 4 août 2023 à 12h14
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PODCAST - Aurore Ponsonnet, formatrice en orthographe : "La langue est vivante, notre utilisation la fait évoluer"
Source : Claire Grandnom

Sur les réseaux sociaux, Aurore Ponsonnet vulgarise et décortique l’orthographe et la grammaire.
L’orthophoniste, devenue formatrice en orthographe et comédienne, fourmille d’idées pour démocratiser notre approche de la langue.
Dans le podcast "Expertes à la Une", elle expose sa démarche.

"Mettre le grappin sur quelqu’un : pensez à son origine quand vous utilisez cette expression ! Elle vient de grappe : instrument en fer muni de crochets fixés au bout d’une corde. Ce n’est pas très sympathique pour la personne qui se fait mettre le grappin dessus !" Sur le réseau social Twitter, tous les matins, Aurore Ponsonnet décortique avec humour un mot, une expression, une orthographe ou encore une règle de grammaire. Passionnée par la langue et la façon dont nous l’utilisons, l’ancienne orthophoniste s’attache à simplifier le vocabulaire pour en rendre accessibles ses détours. "J’ai envie de transmettre tous les jours toutes les choses que j’apprends, même à ceux qui sont fâchés avec l’orthographe."

Enfant, Aurore Ponsonnet lit "La Belle Lisse Poire du prince de Motordu". Émue, la native de la vallée de Chevreuse se prend de passion pour la langue. Elle confie à Christelle Chiroux dans le podcast Expertes à la Une, à écouter ci-dessus : "Le prince mélange les sons, les syllabes et il se trompe dans les mots. Il fait la connaissance de la princesse Dézécolle qui décide de l’aider à remettre les mots à l’endroit avec passion et patience. Ce livre a éveillé chez moi l’envie de transmettre et peut-être de devenir orthophoniste. Après les cours, je rassemblais des nounours en difficulté et je me suis imaginée au fond de leur classe à leur réexpliquer ce que je venais d’apprendre."

"Nécessaire de vulgariser la grammaire"

Bonne élève, Aurore Ponsonnet ne se départit jamais de s’exprimer, y compris pendant les cours : "Trop de bavardage ! Encore à la faculté, les professeurs me reprenaient dans l’amphithéâtre. Alors dans une bibliothèque, imaginez !" Une fois orthophoniste, elle ne parvient pas à trouver sa place : "Je voyais des patients une demi-heure par semaine. Je constatais qu’ils continuaient à s’enfoncer à l’école et j’étais frustrée. J’ai donc créé une méthode de grammaire simplifiée et j’ai eu envie de former d’autres professionnels." Devant ce semi-échec, la passionnée de vocabulaire s’interroge sur le rôle de l’école : "Il faudrait redéfinir les termes de grammaire chaque début d’année scolaire, y compris au lycée. Se replonger dedans permet d’aider à restructurer ses phrases et s'améliorer en orthographe. Il ne faut pas avoir peur de repartir vers les bases : on n’arrête pas d’évoluer et d’apprendre des choses."

Attention, la professionnelle préfère valoriser une méthode d’apprentissage simple et accessible : "Il me paraît nécessaire de vulgariser la grammaire. Il s’agit d’une matière complexe. Je préconise de l’aborder plus simplement, de manière structurée. Il ne faut pas chercher à dire d'autres mots, mais expliquer les mots utilisés : adjectif, préposition, pronom, etc. C’est en allant à la racine du mot que l’on s’en empare un peu mieux."

Arrêtons de juger les fautifs

Autrice de BD, de livres (son dernier "Le français pour adultes consentants" chez First Éditions), Aurore Ponsonnet rappelle que la langue bouge : "La langue est vivante, notre utilisation la fait évoluer. C’est une manière de nous faire comprendre et de nous exprimer. Il ne faut pas la mettre dans une vitrine. Je peux dans une même phrase mettre des mots familiers ou soutenus. Je me sens éloignée des spécialistes qui font des livres sur ce qu’il ne faut pas dire et ce qui est atroce." Elle reconnaît faire du monsieur Jourdain à faire des erreurs sans s’en rendre compte : "Il doit y avoir dans ce podcast des mots parasites, des euh, des liaisons non marquées, des erreurs de syntaxe… Mais c’est normal, je ne vais pas commencer à parler comme un livre !"

"Achète-toi un Bescherelle, retourne à l’école"… Sur les réseaux sociaux, les réactions aux fautes sont parfois violentes. De quoi révolter Aurore Ponsonnet : "Je vois souvent des personnes corrigeant d’autres qui n’ont rien demandé. Arrêtons de juger les fautifs. Les réseaux sociaux ne sont pas responsables des fautes d’orthographe. Ils montrent que beaucoup de Français ne la maîtrisent pas. En réalité, notre pire ennemi reste la rapidité et le manque de relecture".

Comment féminiser la langue ? Question brûlante. Pour Aurore Ponsonnet, il faut cesser de se focaliser sur le point médian. "Je peux comprendre que ça gêne la lecture, quoiqu'il suffise de s’habituer. Mais il s’agit d’une toute partie du féminin dans la langue. Il faut d’abord féminiser les noms de métier." Elle explique que nous devons rééduquer notre cerveau pour qu’il pense féminin. "Si je vous demande de citer vos auteurs préférés ? Vous penserez d’abord à des hommes. Si je vous précise "et vos autrices préférées", nous ouvrons une porte pour faire entrer des femmes."


Geoffrey LOPES

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