La Commission européenne présente aujourd’hui l’objectif climatique de l’UE pour 2040

La Commission européenne présente aujourd’hui l’objectif climatique de l’UE pour 2040

Les manifestations actuelles des agriculteurs nous rappellent qu’il ne pourra y avoir de transition sans solutions d’accompagnement qui la rende socialement juste et acceptable. Dans le même temps, les agriculteurs sont les premières victimes du changement climatique. C’est pourquoi, il est indispensable de poursuivre l’agenda de transition écologique européen. Je me félicite que la Commission européenne présente aujourd’hui une communication visant à fixer un objectif climatique à horizon 2040. Cette cible climat devra s’accompagner d’une stratégie de solutions que je vous présente ici.

Jusqu'à 2030, le travail est fait

Pour la période jusqu'à 2030, les règles du jeu sont déjà fixées. Nous n’avons pas besoin de normes climat additionnelles, car elles sont maintenant alignées avec notre objectif de réduction d’au moins 55% des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030. La quasi-totalité des propositions climatiques de la Commission européenne sont dorénavant adoptées. Nous allons donc nous concentrer sur la mise en œuvre et le déploiement.

 

Pourquoi se doter d’un objectif climatique à horizon 2040 ?

 

La fixation d’un objectif 2040, basé sur un budget carbone européen, est une obligation légale issue de la Loi climat européenne adoptée en 2021. Cette communication permet de fixer un point d’étape en 2040 afin de s’assurer que l’Union européenne reste sur la trajectoire de la neutralité carbone d’ici 2050. Cela permettra également de fournir une prévisibilité maximale aux entreprises pour sécuriser leurs investissements.

La poursuite de notre agenda de transition écologique n’est pas uniquement nécessaire du point de vue climatique. C’est également un agenda de souveraineté européenne aligné avec nos intérêts géopolitiques. Avec un objectif climatique de -90% à horizon 2040, nous allons diviser par deux notre dépendance à l’égard des importations d’énergies fossiles. En 2022, la valeur des importations de combustibles fossiles a grimpé à 640 milliards d'euros (4,1 % du PIB). En 2023, lorsque les prix ont baissé, les coûts nets des importations de combustibles fossiles représentaient encore 2,4 % du PIB. Le Green Deal est à la fois une stratégie économique, climatique et de souveraineté.

 

Un objectif de 90% de réduction des émissions GES en 2040...

 

L’objectif 2040 doit être aligné avec nos engagements dans le cadre de l’Accord de Paris et avec notre objectif européen d’atteindre la neutralité climatique au plus tard en 2050. Nous avons demandé l’avis du Conseil scientifique européen sur le climat qui est clair : pour être aligné avec ce que la science nous demande de faire, l’Union européenne doit parvenir à une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 90 à 95% d’ici à 2040.C’est pourquoi je soutiens un objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 90% tel que proposé par la Commission européenne. Cet objectif n’est pas une nouvelle accélération de l'action climatique, c’est la prolongation du rythme de réduction sur lequel nous nous sommes déjà engagés. En effet, nous sommes passés d’un objectif de réduction des émissions de GES de 20% en 2020 55 % en 2030 soit 35 points de baisse sur 10 ans. Garder le même rythme de réduction de 35 points sur 10 ans sur la prochaine décennie 2031-2040 nous amène à -90 %.

 

... qui doit s’accompagner d’une stratégie de solutions

 

  • Un nouveau pacte financier européen. : nous devons définir un chemin crédible pour le financement de la transition qui permet d’optimiser l’argent public. Il faut travailler avec les chaînes de valeur les plus concernées par la transition pour faire émerger les nouveaux modèles d’affaires et y adosser les outils financiers appropriés, notamment en matière de derisking des investissements.

 

  • Une transition juste : il ne peut y avoir de transition si elle n’est pas perçue comme juste et praticable au quotidien. Le nouveau pacte financier doit intégrer cet élément comme un objectif stratégique. Cela passera par exemple par la mise en œuvre du Fonds de transition juste pour les sous-traitants auto, dont une partie est négativement affecté par le passage à la mobilité zéro émission. Il faut déployer au niveau européen des mesures d’accompagnement de la transition qui la rende praticable au quotidien comme le leasing social pour les voitures électriques qui a été mis en place en France récemment. C’est à la fois bon pour le climat et l’environnement et en même temps juste socialement.

 

  • Des politiques de fair play écologique pour l’industrie et l’agriculture européenne. Le déploiement des nouvelles règles doit s’accompagner de mesures pour protéger les acteurs européens. Il faut assurer que les normes européennes qui s’appliquent aux produits importés sont bien respectées. Par exemple, nous avons adopté un cadre visant à interdire l’accès au marché européen aux batteries les moins performantes sur le plan environnemental. Pour assurer le respect de cette règle, il faudra vérifier que les déclarations des producteurs chinois de batteries sont conformes aux exigences européennes. Il en va de même pour les produits issus de la déforestation ou ceux qui seront couverts par le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières. Cela s’appliquerait également dans le domaine agricole pour le contrôle des résidus autorisés de pesticides pour les produits entrants sur le marché européen.

 

  • Un changement de méthode pour la transition agricole. Comme la crise actuelle nous le montre, aller plus loin en matière de transition agro-écologique implique de changer d’approche. Depuis plusieurs années maintenant, je défends une approche faisant reposer les règles du jeu sur les acteurs de milieu de chaine, et non pas uniquement sur les agriculteurs comme c’est le cas actuellement. Cela pourrait passer par la mise en place d’un marché réglementé du carbone et de la biodiversité pour les principaux acteurs économiques de la chaîne de valeur alimentaire. Cela viendrait en complément de la PAC et assurerait aux agriculteurs une cohérence entre financements additionnels et engagements additionnels puisqu’un tel marché transfèrerait de la valeur vers les cours de ferme.

  • Soutenir toutes les technologies nous permettant d’aller vers la neutralité climat. La fixation de l’objectif 2040 montre que nous ne pouvons nous passer d’aucune technologie utile à la décarbonation. C’est donc une opportunité pour fixer un cadre plus facilitant pour des technologies comme le nucléaire, le captage et le stockage de carbone, l’hydrogène décarboné...

Onze États membres dont la France soutiennent d'ores et déjà un objectif climatique ambitieux tout en appelant à une transition juste et équitable. L'enjeu est de taille : nous allons devoir déployer de nouvelles méthodes, non pas pour remettre en cause nos objectifs climatiques mais pour les atteindre. C'est ce qui nous permettra de gagner le combat contre le changement climatique.

Pascal Vaccaro

Web & Desktop Application Developer - Javascript | Python | Rust

2mo

"Pour la période jusqu'à 2030, les règles du jeu sont déjà fixées." 🤔 du coup pourquoi on vote en juin ?? Et puis bon le coup du "nouveau pacte financier européen", je crois que c'est pas la 1ère fois qu'on nous la vend cette banane ? Faudrait demander aux Grecs ce qu'ils en ont pensé de l'ancien plan, vous savez celui qui les a gentiment forcés à vendre la moitié de leur patrimoine historique ? Faut être sacrément habile intellectuellement pour pas confondre les "plans financiers" de l'UE avec du racket, pur et simple. Cela mis à part, le mieux pour vous autres c'est de continuer à ne rien faire : laissez donc la Commission ruiner les économies de chaque pays c'est ce qu'elle sait faire de mieux et ça réduit drastiquement nos émissions de CO2, youpi. Et si ça passe pas chez les sans-dents et qu'ils ont l'idée saugrenue d'enfourcher leurs tracteurs ou revêtir un gilet fluo... on les enverra sur front de l'Est, ça les calmera pour un moment ! Vive l'Europe concrète.

Like
Reply
Laurent Bureau

Fondateur et Directeur association et festival Jeunes Talents

2mo

Il faut le dire et le redire il n’y aura pas de transition sans solution d’accompagnement juste et acceptable ! Je renouvelle mon appel «  replanter et entretenir des haies est un travail lourd et nécessaire pour la protection du vivant. Il doit cesser d’être bénévole. Il faut apporter une juste rémunération aux agriculteurs qui acceptent de s’en charger »

Luc B.

Vice Président du CEPF

2mo

avoir un tel discours relève d'un manque de probité et d'un manque de caractère pour reconnaitre ses responsabilités du genre vouloir le biens des gens sans chercher à en mesurer les conséquences

To view or add a comment, sign in

Explore topics