Seine-Saint-Denis : les judokas disent adieu à «Monsieur Jacquart», le «sensei» qui a formé 150 ceintures noires

Le fondateur du club de judo de Tremblay-en-France, décédé à l’âge de 92 ans, aura marqué des génération d’élèves par sa gentillesse et son implication. Ils étaient nombreux à lui rendre hommage ce mercredi.

Décédé mi-janvier 2023, Claude Jacquart était ceinture noire 7e dan. DR/Ville de Tremblay-en-France
Décédé mi-janvier 2023, Claude Jacquart était ceinture noire 7e dan. DR/Ville de Tremblay-en-France

    Aux tenues sombres de rigueur lors d’un enterrement en France se sont substitués les kimonos blancs, ce qui n’a rien enlevé à l’émotion du moment. Ce mercredi après-midi à Tremblay-en-France, des dizaines de judokas ont dit adieu à Claude Jacquart, celui qui fut à tous leur « sensei », leur maître.

    Décédé la semaine dernière à l’âge de 92 ans, le fondateur et ancien président du club local de judo a été inhumé au cimetière communal après une cérémonie à l’église Notre-Dame-du-Très-Saint-Sacrement, où les bancs n’ont pas suffi à accueillir toutes les personnes venues témoigner respect et amitié à « Monsieur Jacquart ».

    Tremblay-en-France, ce mercredi. D'anciens élèves de Claude Jacquart ont porté son cercueil à l'entrée et à la sortie de l'église Notre-Dame-du-Très-Saint-Sacrement.
    Tremblay-en-France, ce mercredi. D'anciens élèves de Claude Jacquart ont porté son cercueil à l'entrée et à la sortie de l'église Notre-Dame-du-Très-Saint-Sacrement. LP/A.A.

    « Ce club, c’était son bébé, confie Abdelhafid Khiar, qui en est le président depuis plus de dix ans. C’était toute sa vie. » On dit de Claude Jacquart qu’il a formé tout au long de sa carrière plus de 150 ceintures noires. Une prouesse et une longévité qui ont conduit la municipalité à lui rendre hommage de son vivant en baptisant de son nom le dojo du quartier des Cottages, où le TAC Judo a élu domicile en 2005.

    Plus d’un demi-siècle plus tôt, c’est dans une baraque construite dans le jardin de Gabriel Jacquart, le paternel, que fut créé ce qui s’appelait alors le judo club du Vert-Galant. Ce dernier en a assuré la présidence jusqu’à son décès en 1998, année lors de laquelle son fils lui a succédé.

    « Il a pris tellement de gens sous son aile »

    Entre-temps, Claude Jacquart s’est imposé comme « un haut gradé du judo », a salué ce mercredi un responsable du comité départemental. Ceinture noire premier dan en 1955, il a passé son septième échelon… en 2011, à 80 ans passés. « Mes amis voulaient que je passe ensuite le 8e, mais ce n’était tout simplement plus possible pour moi », confiait-il l’an dernier au magazine municipal de Tremblay-en-France.

    S’il avait fini, ces dernières années, par cesser toute pratique, il n’a jamais déserté « son » dojo et ses élèves. « Il a pris tellement de gens sous son aile, confie Thierry Dujany, qui fut son disciple durant 50 ans ainsi que son successeur à la tête du TAC Judo. J’ai passé mon 4e dan avec lui, et on a travaillé ensemble pour le 5e. Il était très pédagogue, et toujours disponible pour un judoka, toujours tourné vers les autres. C’était un homme convivial, qui faisait confiance. »

    Le TAC Judo compte aujourd’hui quelque 400 adhérents, ce qui en fait selon Abdelhafid Khiar une place forte de cet art martial en Seine-Saint-Denis, certes derrière les deux locomotives du Blanc-Mesnil. « Ce club, il en a fait une famille, avec des membres de 4 à 81 ans, ajoute l’actuel président. Quand les gens viennent au dojo, ils viennent aussi pour discuter, pour se retrouver. »

    Nul doute que Claude Jacquart a, de là où il se trouve, apprécié l’initiative vestimentaire de ses élèves. L’an passé, il racontait ainsi la naissance de sa passion pour cet art martial alors inconnu qu’il a découvert à Sevran : « On m’a donné un kimono ; cela m’a impressionné. Je ne m’en suis jamais séparé. » La mort n’y a rien changé : ce mercredi à l’église, sa tenue recouvrait son cercueil.