CONFLITA Nice, la communauté russe rappelle « qu’elle n’y est pour rien »

Guerre en Ukraine : « Nous, ici, on n’y est pour rien »... la communauté russe de Nice dit subir des discriminations

CONFLITDepuis une semaine et le lancement de l’opération militaire en Ukraine par Vladimir Poutine, une partie du peuple russe de Nice se dit victime de « russophobie »
La cathédrale Saint-Nicolas à Nice est l'un des édifices religieux orthodoxes russes les plus importants hors de Russie
La cathédrale Saint-Nicolas à Nice est l'un des édifices religieux orthodoxes russes les plus importants hors de Russie - E. Martin / ANP / 20 Minutes / 20 Minutes
Elise Martin

Elise Martin

L'essentiel

  • Dans le département des Alpes-Maritimes, on estime à 100.000 les personnes la communauté russe.
  • Avec les sanctions mais tout simplement avec un nouveau regard sur leur population, les Russes subissent depuis le début du conflit des discriminations à 2.000 km du conflit.
  • Ils rappellent qu’ils veulent « seulement la fin de cette catastrophe et la paix » en soulignant les « liens qui unissent les peuples ukrainien et russe ».

Chaque jour depuis une semaine, la guerre en Ukraine s’accentue. Des bombardements, des menaces nucléaires et en réponse de la part de l’Union européenne, des sanctions économiques, notamment sur le trafic aérien et les services bancaires. Sur la Côte d’Azur, où seraient installés environ 100.000 Russes, ces mesures « font peur ». Une étudiante expatriée, qui ne préfère pas s’exprimer en profondeur sur le sujet, décrit « un moment très difficile à vivre » avec « de la russophobie » alors que « [sa] nation n’a jamais voulu cette guerre ».

Même à 2.000 km, ce conflit a déjà des conséquences sur la vie d’Olia. Dans le jardin de la cathédrale Saint-Nicolas, l’un des édifices religieux orthodoxes russe les plus importants hors de Russie, cette ressortissante russe qui vit à Nice depuis onze ans regarde ses enfants jouer. « A l’école, des élèves russophones sont discriminés par leurs camarades mais aussi par leurs professeurs. Je ne pensais pas que ça arriverait, je ne pensais pas devoir les préparer à recevoir de la haine du jour au lendemain en France, le pays de la démocratie », souffle-t-elle, désolée.

Elle ajoute : « Nous sommes des peuples liés par l’Histoire, par la culture ou tout simplement par le sang. Beaucoup de Russes ont de la famille en Ukraine et vice-versa. C’est d’ailleurs mon cas. C’est comme si on divisait une famille. On est alors deux peuples qui souffrent de ce conflit. »

« Leurs voisins les regardent de travers »

Certains de ses amis, qui vivent aussi à Nice, lui ont déjà dit que depuis une semaine « leurs voisins les regardaient de travers ». « Une femme qui vit entre la Russie et la France a peur de dire sa nationalité, de montrer son passeport, raconte Olia. La communauté russe n’y est pour rien et on subit déjà des conséquences sur nos façons de vivre ! »

Elle ajoute : « C’est injuste. Nous aussi on aimerait que la guerre cesse rapidement. Mais la géopolitique, c’est une chose. Les peuples, c’en est une autre ; Pourquoi haïr les Russes ? ». Une autre de ses proches lui a envoyé la vitrine d’une librairie niçoise remplie d’ouvrages sur la Russie ou sur Poutine. « On a l’impression d’être des stars mais à l’envers. On n’a rien demandé. Ça fait huit ans qu’il y a cette guerre. On n’en peut plus. »

« Nous voulons la paix »

Hélène, présidente de l’association La maison de la Russie, dit, elle-aussi, avoir reçu des messages de haine. Elle-même est Française et s’intéresse simplement à cette culture en donnant des cours de langue car elle a vécu à Moscou pendant vingt et un ans. « Je vois sur Internet mais aussi de la part d’autres associations russes du coin le même message : la paix, nous voulons la paix, constate-t-elle. Pour la communauté, c’est très dur. Tout le monde est désemparé car personne ne veut de cette guerre. Les Russes, dans leur ensemble, veulent seulement que cette catastrophe s’arrête. »

Ce sont aussi les seuls mots que Viktor, qui tient une petite épicerie de produits russes avec sa femme dans le quartier de Gambetta, dira. Quand on lui parle du conflit, il fait non de la tête et utilise son traducteur pour expliquer qu’il « ne peut rien dire », que « ça se passe ailleurs » même si pour lui, « c’est une situation incompréhensible ». Il se dit « très inquiet » et aimerait « juste la paix et c’est tout ».

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