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Assurance chômage: la "petite révolution" du gouvernement entre en vigueur ce 1er février

Ce 1er février, les nouvelles règles de l'assurance-chômage entrent en application: désormais en période favorable pour l'emploi, la durée d'indemnisation sera réduite d'un quart.

C’est l’autre grande réforme actuelle du gouvernement, mais elle est un peu éclipsée par celle des retraites.

Pourtant ce 1er février c’est une petite révolution qui se met en place dans l’assurance chômage. La durée d’indemnisation, c’est-à-dire la période durant laquelle vous aurez droit à des allocations d'aide au retour à l'emploi (ARE), va désormais être modulée en fonction de la conjoncture. Elle concernera tous les nouveaux chômeurs.

Il y aura donc désormais les périodes dites "vertes" (chômage à moins de 9% ou hausse inférieure à 0,8 point sur le trimestre). La durée d'indemnisation sera réduite d'un quart par rapport aux droits antérieurs afin d'inciter à la reprise de l'emploi.

Mais il y aura les périodes de crise dite "rouges" (chômage à plus de 9% ou hausse de plus de 0,8 point). Là, ce sera le retour à la durée d’indemnisation précédente, celle qui prévalait avant ce 1er février 2023 pour protéger davantage.

Actuellement, la France est en période "verte" avec un taux chômage de 7,3% de la population active selon l'Insee.

18 mois maximum d'indemnisation

Concrètement, cela veut dire que la durée maximale durant laquelle un nouveau chômeur pourra toucher son indemnité passe de 24 à 18 mois.

Pour les personnes sans emploi de plus de 55 ans, cette durée maximale va elle passer de 36 à 27 mois.

A noter que ces nouvelles disposition ne concernent que les actifs de France métropolitaine, l'Outre-mer n'est pas concerné.

Deux autres dispositions viennent durcir ce 1er février les règles de l’assurance chômage. A compter de ce 1er février, les abandons de poste sans motif légitime ainsi que les refus de deux CDI consécutifs de la part d'une personne en contrat court (CDD ou interim) ne pourront pas donner droit à l'ARE.

Pour le gouvernement, cette réforme est un rouage important dans son objectif d’atteindre le plein emploi. Selon le ministre du Travail Olivier Dussopt, ces nouvelles règles pourraient permettre de générer entre 100.000 et 150.000 retours à l’emploi supplémentaire sur un an.

Des inégalités géographiques

De nombreux économistes estiment que cette réforme peut avoir des effets positifs, les études montrant que la recherche d'emploi s'intensifie lorsque la période d'indemnisation s'approche de la fin.

En revanche, d'autres rélèvent que cette réforme trop globale pourrait créer des inégalités. D'abord en prenant comme référentiel le taux de chômage national alors que dans certains départements ce taux dépasse encore les 10% comme dans l'Aisne, les Pyrénées-Orientales ou encore l'Hérault. Les chômeurs de ces départements verront ainsi leur durée réduite alors même que leurs opportunités d'emplois sont moins importantes que sur d'autres territoires qui sont déjà quasiment au plein-emploi (Lozère, Savoie ou Mayenne ont des taux de chômage de 5% ou moins).

Ensuite elle ne tient pas compte des différents profils et formations. Or dans certains secteurs d'activité, il peut ne pas y avoir d'embauches importantes malgré un taux de chômage global faible et de nombreux emplois vacants. C'est ce qu'on appelle le chômage d'appariement et qui ne peut être résolu qu'en formant les chômeurs à de nouveaux emplois.

En revanche, il y a un consensus sur le fait que cette réforme sera bonne pour les compte de l'Unedic qui pourrait réaliser aux alentours de 4 milliards d'euros par an d'économie.

Déficitaire entre 2009 et 2019, le régime de l’assurance chômage est de nouveau excédentaire depuis la baisse du chômage en France. Pour 2022, son solde devrait atteindre un excédent de 4,4 milliards d'euros.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco